Rencontre avec Julien et Vincent – Malt In Pott

Chez Les Deux Branches, dès le début, on savait qu’on voulait travailler à partir de céréales cultivées en Agriculture Biologique, et si possible transformées par une malterie artisanale. Ce qu’on ne savait pas, c’est qu’on aurait la chance de trouver Vincent et Julien sur notre chemin. Pour une belle rencontre, c’est une belle rencontre ! Ne vous fiez pas à leur trombine sur la photo. Leur sourire ne le cache pas : ils sont pro, et super exigeants avec eux-même.

Vincent, Julien, une petite présentation de vous deux ?

Vincent : Consommateur de bière averti (avec une certaine modération, et une modération parfois incertaine…) et intéressé par ce que je consomme, j’ai opéré une reconversion professionnelle pour allier des domaines qui me tiennent à cœur : l’agriculture, le bio, la bière, et les bons produits ! Légèrement perfectionniste, j’essaie de bien faire quand j’entreprends quelque chose, tout en gardant une part de fun, et sans trop se prendre au sérieux !

Julien : Petit être facétieux, parfois malicieux, tapis dans les coins les plus reculés des forêts alentours, vous me croiserez peut-être, furtif, si vous vous égarez en sous bois ou sur une crête alpine battue aux vents.
Passionné par l’alchimie brassicole, véritable quête philosophale des paradis terrestres, je souhaitais mettre mon grain dans les breuvages délectés par les sympathiques humains soiffards et avides de nourrir le zythologue qui sommeille en eux.
Passé récemment maître dans l’art «maltial» du «pellàneigutsu».

Ah oui, la pelle à neige … nous aussi, on prend beaucoup de plaisir à évacuer les drêches, le reste des céréales après l’empattage.
Vincent, parle-nous un peu de Malt In Pott. L’entreprise, mais aussi les valeurs qu’elle porte.

Vincent : L’idée de la malterie est née en buvant des bières et en discutant avec des brasseurs. L’approvisionnement local de leur matière première semblait être compliqué, alors que les céréales utilisées sont assez courantes. Et côté monde agricole, les acteurs de la Bio sont demandeurs de nouvelles cultures et de nouveaux débouchés… Il y avait donc clairement un maillon manquant ! La malterie s’est donc montée autour de cette volonté de faire le lien entre le monde agricole et les brasseurs, dans une dimension humaine qui permette à toutes et tous de pouvoir venir se servir en malt, et à de très nombreux paysans brasseurs de faire malter leurs céréales. Il a tout de même fallut des investissements certains pour être en capacité de produire des malts de qualité. Tous nos malts sont certifiés AB, et issus de céréales d’origine Rhone Alpes. Bio et local, c’est l’idéal !

Et toi Julien, quand, et comment as-tu rejoins Malt In Pott ?

Julien : Habitant près d’Allonzier la Caille, j’ai appris en Décembre 2018 et avec bonne surprise, que Vincent ouvrait une malterie. Dans un premier temps, j’ai suivi de loin son installation et participé à quelques opérations tout autant «périlleuses» que mémorables lors des premiers lots. Ensuite, souhaitant diversifier mon activité, je l’ai rejoins courant de l’automne 2019.

Nous autres, brasseurs, on utilise le fruit de votre travail : le malt. Vous pourriez, en quelques mots, nous dire de quoi il retourne ?

Vincent : Pour faire une bière, il faut que les levures aient des sucres à manger; et un grain de céréale, c’est une énorme réserve d’amidon, qui est une chaine de sucre. Le but du maltage est de rendre l’amidon accessible et de synthéthiser les enzymes qui couperont les maillons de la chaine, afin de permettre aux levures d’avoir de quoi faire du gaz et de l’acool, et à la bière la couleur et la texture souhaitée. On plagie la nature en fait, car le process se fait naturellement pendant la germination du grain. C’est un peu plus technique que ça, mais dans les grandes lignes, on n’est pas loin !

En quoi Malt In Pott est une malterie artisanale. Qu’est-ce qui la différencie d’une autre malterie ?

Vincent : L’outil de production est très souple, et on peut facilement adapter des recettes au besoin, voir faire du sur mesure pour certains malts spéciaux. A deux, malgré la charge de travail, on arrive à être assez disponibles pour échanger avec les brasseurs sur les recettes, les besoins, etc.. L’avantage d’aller chez l’artisan, c’est la proximité et le relationnel aussi ! On est toujours content de gouter le produit final !!

Julien, tu es brasseur. Qu’est-ce que cela apporte à la vie de la malterie ?

Julien : Le malt est la première matière première de la bière après l’eau. Il apporte principalement à la bière sa couleur, l’alcool (après travail des levures), du corps, la mousse et sans oublier une partie de sa palette aromatique. Les consommateurs souhaitent vivre des nouvelles expériences et pour y répondre, nous travaillons régulièrement sur des nouvelles recettes de malt. Enfin, pour s’assurer que la recette est aboutie ou pas, j’intègre ce malt dans un brassin pour voir le résultat.
Aussi, de part cette «double» activité, je perçois et comprends plus facilement le besoin et les questions des brasseurs.

Vincent : «que Julien soit brasseur ?» Il apporte le coté technique de la bière et des brassins que je n’ai pas (en plus de tout le reste !!!). Il nous permet également de tester les malts dans des conditions pro !

On passe des moments compliqués depuis le printemps dernier pour les clients des brasseurs (bars,restaurants, festivals …), et pour les brasseurs eux-même. Comment envisagez-vous l’avenir ?

Vincent : On va voir le verre à moitié plein (et le vider)! Certes la période est particulière, mais on travaille en filière sur du long terme: quand on met en place une culture, entre le moment où l’on discute de la variété d’orge à semer, et le moment où l’on décrit le malt quelle a donné aux brasseurs, il s’est passé 2 ans. Vu toutes les énergies qui sont mises en commun et qui se rencontrent pour arriver à boire une bière bio et locale au maximum (et encore plus en ajoutant le houblon !), la filière ne va pas s’éteindre comme ça! Si ça dure ça ne sera pas marrant (c’est déjà pas très fun), mais j’ai quand même l’impression que beaucoup de consommateurs ont pris conscience que le local c’est important.

Le mot de la fin : Buvez local, c’est l’idéal

Merci les gars. Et à propos de boire … on embouteille dans quelques jours notre collab’ Journée mémorable. Du malt, du malt … mais pas que.

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